mercredi 17 mars 2010

Le squiggle en 3D

Winnicott a introduit et utilisé, dans l'analyse avec les enfants, le squiggle-play, traduit par jeu du gribouillage. On peut dire qu'il s'agit bien d'une adaptation de l'association libre au geste graphique, mais que celle-ci engage autant l'analyste que l'analysant. Non seulement, je pense que l'on peut l'utiliser dans l'analyse d'adultes, et pas seulement dans celle des psychotiques, mais cette technique est particulièrement opérante dans le groupe analytique. Pratiquée dans mes ateliers (Atelier du Geste et bientôt dans l'Atelier du Monde), elle est d'abord, comme Winnicott l'avait introduite, un jeu. Cette dimension ludique première rend possible la désinhibition des sujets et relancent leurs participations. Avec l'approfondissement du travail analytique en groupe, le suiggle play devient plus socialisant, les partenaires prennent leurs places, les échangent même, se font reconnaitre, des duos se créent et des joutes duelles émergent. Le miroir devient multifaces. Un peu plus loin dans l'aventure de l'atelier, le suiggle se fait déposition des drames humains, et à son terme, pour peu qu'il y en aie un, il devient création artistique, oeuvre interpersonnelle qui interloque qui le regarde.
Mais, ce que j'ai à dire ici, brièvement, c'est qu'il faut le suivre plus loin: le geste graphique est certes important, mais squiggle renvoit aussi à griffonner, torsader, (se)tortiller. Après le gribouillage, entrons dans la troisième dimension, donnons lui du volume, toujours de manière associative. Sculptons (avec de la plasticine, de la terre, des chamumeaux), collons-y des objets, associons des mots écrits ou dits, des mouvements dansés. Associons toutes nos torsades, nos griffonades. La griffe des sujets n'en sera que plus profonde. Ouvrons le suiggle aux arts contemporains. Griffonons avec nos analysants. La partie haute, si elle est sculptée, reste. Si elle est dansée, il est utile de la filmer. La trace peut être revisionnée et revisitée.