mercredi 7 avril 2010

Ombiliquer le sujet

Nous rencontrons des sujets qui se sont pour ainsi dire presque arrachés le nombril. Des écorchés vifs! Défaut d'étayage ou de présence, parents trop narcissiques et toxiques, hyperexcitations précoces, soins maternels désaffectisés... Nous avons alors parfois, au cours du processus thérapeutique, à ombiliquer l'analysant. Techniquement, cela revient à poser sa main sur la région de l'ombilic et à l'y laisser au moins vingt minutes sans la bouger, si possible une demi-heure. Notre analysant vient y respirer, y communiquer, s'y sentir vivant.
Vinciane m'a dit: "cela me fait voyager dans tout mon corps, y repérer mes tensions, m'y sentir vivante, c'est un voyage à l'intérieur". Claudine dira "vous me faites apprécier mon corps, c'est neuf, d'ordinaire, je ne l'aime pas". D'ailleurs Claudine ajoutera avec pertinence, que ce qui importe dans la thérapie, c'est à la fois ce contact corporel, qu'il soit statique (ombilicant, haptonomique) ou dynamique (sculpture sur le vif,...), associé au dialogue. Ce qui importe, c'est que je m'intéresse à elle de manière multimodale (auditive, visuelle, tactile, cénesthésique et kinesthésique, olfactive). C'est cela qui lui procure lentement une conviction sentie de son être et qui l'amène progressivement à s'apprécier, corps et âme.
A partir de l'ombilic, cela s'accorde et cela rayonne. Tout le corps est vite concerné par cette communication archaïque, par ce réveil du cordon.

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