mercredi 19 mai 2010

Les transgressions analytiques

Transgresser pour la plupart d'entre nous, a une signification négative. Transgresser fait référence aux normes, aux codes, aux lois et conventions, qu'il s'agit de ne pas respecter. Or nous transgressons tous tous les jours, et d'une certaine manière, heureusement, sinon nous serions dans le même, dans la répétition, dans de l'égalitaire, dans le conforme. Biensùr, beaucoup de transgressions sont inacceptables et nous devons nous y opposer. Mais toute invention dans l'histoire de l'humanité a toujours été de nature transgressive. Toute création est transgressive. Elle reprend du même, le mélange et le compose autrement, nous le présente autrement. Je dis dans mes ateliers, "je propose, transgressez", "je dispose, transgressez". Transgressus, qui a traversé. Traversé quoi ?  Traverser la matière de soi pour une nouvelle manière de soi.
Les premiers psychanalystes se voulaient subversifs, donc éminemment transgressifs. Les suivants, à part quelques exceptions, - Winnicott, Dolto, Pankow, Roustang, Tisseron, Clerget, Roussillon, ...-, sont étrangement répétitifs, bien dans les codes et les cadres, dans les dogmes et les doctrines, bien dans leurs écoles et dans les discours de petits maîtres. Où est passé le pouvoir de subversion, de renversement, de bouleversement, le passage nécessaire par un chaos un peu organisé ? Où est passée la surprise comme émotion qui saisit les deux protagonistes ? Quand vont-ils enfin oser d'autres dispositifs, d'autres théories ? N'y a t'il encore que la perlaboration (working-through) pour transsubjectiver nos analysants ? Comment ouvrir à l'acting-through (peragir), au feeling-through, au moving-through, au playing-through, au creating-through ? Sentir, respirer, se mouvoir, jouer, créer, agir,... à travers les matières et les énergies de soi et de l'autre, à travers l'Autre.