mercredi 1 septembre 2010

Le champ néo-ferenczien

Sandor Ferenczi a ouvert aux psychanalystes au moins trois champs.
Le premier est une aire intermédiaire, transitionnelle, d'expérience et de recherche techniques. Ce champ a comporté, chez Ferenczi, trois temps. Le temps premier des techniques actives, le temps second de la relaxation psychanalytique et de la néo-catharsis, enfin le temps troisième de l'analyse mutuelle. Il a vite remarqué que les généralisations n'étaient pas possibles. Il n'y a que ce qui opère avec cet analysant-là, que ce qui a son efficace dans sa relation analytique avec lui. Ce champ "technique" est surtout clinique, c'est celui de la clinique des relations analytiques. Les transitions corporelles dans l'analyse sont bien néo-ferencziennes : que convient-il, ou plutôt que revient-il de faire avec cet analysant-là et avec mon contre-transfert vis-à-vis de cet analysant-là ? C'est de la justesse des actes de l'analyste qu'il s'agit. Je pose alors cette question impertinente : dans cette aire transitionnelle d'expérience et de recherche clinique-technique, jusqu'où l'analyste peut-il transir, flotter (cf les objets flottants des systémiciens) et régresser pour que le passage d'inconscient à inconscient s'ouvre ? Ferenczi a insisté sur l'initiative de l'analyste : il peut activer, laisser-faire et lâcher-prise, il peut instaurer ou non une réciprocité plus ou moins grande.
Le second champ ouvert par Ferenczi, c'est Thalassa. Un essai d'explication de l'ontogénèse par la phylogénèse. L'histoire des avatars de l'espèce humaine en chacun de nous. Une idée que l'on retrouve par exemple dans la biologie totale, dans le décodage biologique des maladies,... Idée qui va au delà du transgénérationnel et qui n'était pas tout à fait neuve, Freud et la horde primitive en tenait déjà quelque chose, mais elle trouve un déploiement inédit dans Thalassa. Elle permet aux analystes de prendre du large et de voir la mer.
Enfin, le dernier champ ouvert aux analystes est celui du Journal clinique : une clinique de l'être thérapeute en é-cri-ture. C'est une respiration pour l'analyste. L'originalité de ce champ est celle d'une écriture quotidienne spontanée, presqu'une écriture du contre-transfert de l'analyste qui peut ainsi s'écrier et relire son cri,... De cette écriture transitionnelle, il peut témoigner et transmettre.