lundi 1 février 2010

Le mouvement Buto comme transition corporelle

Le Buto est une danse contemporaine japonaise, développée au début des années 60 par Tatsumi Higikato. Toshiharu Kasaï a associé par la suite les mouvements du butoka à la psychothérapie. Il y évoque le Butoh Body, processus de disponibilité et d'abandon corporels, corps répondant à l'appel du prochain mouvement. comme une forme d'associations libres dans le mouvement où le butoka semble à l'écoute d'un Autre que soi, refondu dans le registre de l'énaction, métamorphosant sa corporéïté au contact d'un thème naturel suggéré par des mots ou des images, jouant alors des registres du vivant (végétal, animal, humain) mais aussi du minéral. Danse de vie qui implique la reconnaissance de la mort en son sein. retrouve-t-il alors, se mouvant des mémoires enfouies, infantiles, matricielles, ancestrales, culturelles ? Ce qui est certain, c'est que s'ouvrent pour le danseur de nouveaux frayages gestuels, qu'il vit à l'intérieur même de la gestaltung, de la formation des formes et qu'il y est présent en état de conscience modifiée, parfois jusqu'à l'épuisement. Ce n'est pas japonais pour rien ! Le mouvement est le plus souvent lent, parfois même extrêmement lent, visible dans les muscles, os, articulations, tendons, organes, ou sur la peau, comme un questionnement adressé aux impressions et expressions profondes. Le Buto est une danse du volume. En transe, en contact avec soi et avec la terre, avec sa peau, ses os, ses muscles et tendons, ses organes, le butoka questionne lentement mais en profondeur, ses impressions et expressions du corps vivant/vécu, jusqu'à penser à travers lui. La danseuse de Daniel Dobbels, dans son solo Parfois, la colère tombe, me parait empreinte de buto. Regardez-là ici:

http://www.dailymotion.com/video/xapxtn_solitaires-parfois-la-colere-tombe_creation

Questionnements, recherches et explorations, en vue d'une émergence subjective, d'un déploiement de l'être, à partir d'une réception souple de cela même qui le/la traverse. Nous sommes proches aussi du contact-improvisation en danse contemporaine. Faire le vide et se laisser imprégner par une métaphore (le cocon, la métamorphose, le climat, la peur, la colère, le bas-relief qui prend vie, la vie d'une pierre, la poussée végétale, le rythme des saisons,...), attendre l'éclosion des sensations et improviser le mouvement, retrouver en chemin les impressions "perdues" de son enfant intérieur, avec ses impasses, et ... frayer une issue.
Praticable dans l'atelier du geste et dans le dispositif duel à transitions corporelles, sur fond musical ou en silence, les yeux fermés ou ouverts, cela ne laisse pas indifférent. Sur une musique d'Armand Amar, Florence a réalisé en six minutes un enchainement de gestes d'esquive et de protection, quelques torsions, balancements et bercements, les émotions étaient présentes, en rapport avec le présent d'abord, le passé ensuite. Quant à Ariane, elle s'est sentie entièrement dénouée et même libérée.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire